Le théâtre Duru
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Théâtre Duru
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Le labyrinthe aux secrets

La chevalière Jeanne d’Arc en Ciel accompagnée du troubadour Guilhem de Roquebleue, narrateur des exploits de celle-ci, participent à un concours ouvert aux chevaliers pour retrouver le Graal.

Le Graal se trouve dans un labyrinthe où les deux héros vont croiser : des chevaliers blanc, noir, âgés, des pèlerins, un marchand de bonheur, une sorcière apothicaire et même un homme volant.
Au fur et à mesure de leur périple la chevalière et le troubadour apprennent à se connaitre et à se découvrir l’un l’autre selon les règles de l’amour courtois, bien entendu...
C’est à cette rencontre labyrinthique pleine de beaux sentiments et d’humour qui vous est proposée.

 

 

<< Nouve

Distribution modulable maximale : 5 filles et 11 garçons

(La distribution relève des choix du metteur en scène et des jeunes constituant sa classe ou son atelier théâtre, possibilité de jouer plusieurs rôles)

 

PERSONNAGES : par ordre d’entrée en scène

 

Jeanne d’Arc en ciel (F)

Guilhem, le troubadour (H)

2 gardiens (2 H ou 1H et 1 F)

L’ermite (H)

Dame Epousailles (F)

Sieur Funérailles (H)

Le marchand de bonheur (H)

La sorcière apothicaire (F)

Le chevalier blanc (H)

Le vieux chevalier (H)

Le vieux trouvère (H)

Les 2 pèlerins (1 H et 1 F)

Le chevalier noir (H)

Icare (H)

 

 

Note : les rôles de la chevalière et du troubadour sont assez longs et demandent une petite expérience théâtrale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SCÈNE 1

 

Guilhem : Gentes dames, damoiselles, gentilshommes et damoiseaux, je vous salue. Je me présente troubadour Guilhem de Rochebleue. J’accompagne la chevalière Jeanne d’Arc en Ciel pour narrer ses aventures épiques. Vous verrez elle a du caractère, mais sous ses airs de bravache, je crois que c’est une grande sentimentale. (Entrée de Jeanne) Que voici que voilà !

Jeanne : Qu’est ce que tu racontais, troubadour ?

Guilhem : Je disais à ce cher public que vous aviez du panache et un bon mental. En fait vous êtes une femme d’action au grand cœur.
Jeanne : Ouais, si on veut. (au public) Vous savez chevalière c’est un beau métier pour celles qui aiment le sport, l’aventure et la castagne. Il y a des risques, évidemment, mais si vous avez une bonne assurance, pas de problème. Moi, j’assure !

Guilhem : Et vous êtes aussi en quête du Graal, chevalière.
Jeanne : En quête du quoi ?

Guilhem : En quête du Graal, vous savez bien la coupe de la Cène.

Jeanne : La coupe de la scène ? Quelle scène ? Je ne suis pas une saltimbanque comme toi. 

Guilhem : (en confidence) Mais la Cène… le dernier repas de qui vous savez avec ses apôtres.

Jeanne : Ah, c’est vrai, j’avais oublié. Ouais, ouais, je cherche le Graal, la fameuse coupe dans laquelle Jésus le crucifié a bu à son dernier repas. Il faut bien que je fais comme…

Guilhem : Que je fasse.

Jeanne : Quelle face ? Vous m’embrouillez. Il faut bien …que je fais comme tous mes potes chevaliers. Et si qu’on le trouve ce sacré Graal, il parait qu’on peut survivre jusqu’à la fin des temps. Tu imagines ? Devenir vieux et éternel comme le Bon Dieu. Mais je ne crois pas à ces fadaises, j’ai pas envie de mourir vieille.

Guilhem : Et vous défendez aussi la veuve et l’orphelin comme tout bon chevalier… enfin chevalière en exercice.

Jeanne : Ouais, ouais, ça fait partie du boulot. Mais faut pas qu’ils viennent trop chialer dans mes chausses les miséreux, car j’ai pas que ça à faire. Il y a les tournois, les combats, les repas, quand il y en a, et cetera et cetera. (un temps) En tous cas en ce moment je voudrais bien me trouver un boulot qui me ramène des deniers sonnants et trébuchants, parce que je suis à sec. Je voudrais pouvoir monter sur un beau destrier comme on raconte dans les livres de chevalerie pour aller guerroyer. J’ai pas envie de rester une chevalière sans cheval. (à Guilhem) Ça la fout mal. Non ?....

Guilhem : (gêné) Evidemment.

(Deux personnes entrent sur scène en portant un panneau sur lequel est écrit « Grand concours ouvert aux chevaliers du royaume. Forte récompense à qui rapportera le Graal au seigneur du château « Pas loin d’ici » qui le remettra au roi. L’entrée du labyrinthe qui mène au Graal se trouve côté cour»

Guilhem : (montrant la panneau) Chevalière, regardez ! C’est comme un fait exprès.

Jeanne : Ben quoi, je vois bien que c’est de l’écriture.

Guilhem : (au public) J’avais oublié de vous dire que la chevalière rencontre quelques difficultés avec la langue française.

Jeanne : Eh, doucement, troubadour, je cause la langue aussi bien que toi. J’y vois mal, c’est tout. (Un court temps et elle dit au troubadour) Lis donc, toi, t’en meurs d’envie.

Guilhem : (lisant) « Grand concours ouvert aux chevaliers du royaume. Forte récompense à qui rapportera le Graal au seigneur du château « Pas loin d’ici » qui le remettra au roi. L’entrée du labyrinthe qui mène au Graal se trouve côté cour »

Jeanne : Forte récompense ! Eh bien, qu’est ce qu’on attend ? Allons-y sur le champ, on a besoin d’argent.

Guilhem : Mais pour parvenir au Graal il faut emprunter un labyrinthe.
Jeanne : Et alors ?

Guilhem : Si nous nous perdons et ne retrouvons pas la sortie.
Jeanne : Quel pleutre et quel défaitiste. Allons courage ! Nous allons trouver le Graal et le rapporter. Voilà. En avant !

NOIR

 

SCÈNE 2

 

Voix off du 1er garde : Vite j’en vois deux qui arrivent là bas.

2 gardes arrivent en courant avec un panneau où est écrit :  Le labyrinthe du Graal.

Prix d’entrée :

Pèlerins : 50 deniers

Chevaliers : passe-passe ou 20 deniers

Personnel du labyrinthe : gratuit. 

Rappel : 1 livre = 20 sols ou sous

1 sol ou un 1 sou = 12 deniers

 (Entrée de Jeanne et du troubadour)

Guilhem : Nous sommes à l’entrée du labyrinthe. Voici sans doute des gardiens du site.

1er gardien : Bienvenue au Labyrinthe du Graal. Ce labyrinthe réalisé par l’architecte Dédale est ouvert aux chevaliers en quête du Saint Graal.

2e gardien : Et aux pèlerins qui cherchent en ces lieux sacrés leur chemin vers le salut spirituel.

1er gardien : Condition de participation : il faut avoir une pureté de cœur absolue.
Jeanne : (au troubadour) Eh ben, dis donc, je ne pensais pas qu’on se trouvait sur un lieu sacré. (au gardien) Pour ce qui est du cœur, pas de problème. On a du cœur à revendre et du cœur au ventre, pas vrai troubadour.

1er gardien : Très bien, très bien. Avez-vous votre passe-passe, chevalier ?

Jeanne : Je suis une chevalière.

1er gardien : Une chevalière. (souriant) Oui, oui, bien sûr. (au 2e gardien) Tu entends ça ? Une chevalière à pied sans cheval. Elle a dû l’oublier dans son salon. (rires gras)

Jeanne : Mais j’ai gardé mon épée et je sens qu’elle a besoin d’exercice. Je pourrais bien la sortir de son fourreau pour qu’elle prenne l’air et qu’elle aille embrocher un rigolo.

1er gardien : Ne vous énervez pas. Calmez vous…chevalière, puisque chevalière il y a. (montrant le tableau) Je répète : avez-vous votre passe-passe ?

Jeanne : Quel passe-passe ?

1er gardien : Le passe-passe pour entrer dans le labyrinthe évidemment. Chaque chevalier qui entre dans le labyrinthe a un passe-passe délivré par son seigneur. Sinon les autres…les chevaliers errants comme vous doivent payer un droit d’entrée.

Ou vous n’entrez pas.

Guilhem : Il n’a jamais été stipulé sur le panneau qu’il fallait payer un droit d’entrée pour le labyrinthe.

Jeanne : Je me demande si c’est un bon plan cette histoire de labyrinthe pour aller chercher le Graal. Qu’en penses-tu, troubadour ? 

Guilhem : Notre aventure vient tout juste de commencer, chevalière, il me semble difficile de revenir en arrière.

Jeanne : Tu as raison (en a parte à Guilhem) et le public pourrait demander à être remboursé. Alors nous devons aller jusqu’au bout de cette aventure. Allez hop : action ! (au troubadour) Paye l’entrée !

Guilhem : Mais !...

Jeanne : Il n’y a pas de mais. Veux-tu que nous retrouvions le Graal ?

Guilhem : Oui, mais…

Jeanne : Il n’y a pas de mais !

1er gardien : Donc vingt deniers pour la chevalière.

Guilhem : (Sortant une pièce de sa bourse) Voilà. Dites, faites vous un prix pour les troubadours ?

1er gardien : Vous vous moquez. Vous, les baladins vous passez votre temps à vous baladez en chantant des balades et vous voulez une réduction sur le prix d’entrée. Pas question vous payez le même prix que les pèlerins qui pérégrinent
Guilhem : Mais vous n’avez pas compris notre rôle. Nous, les troubadours, nous sommes des artistes qui allons de château en château pour faire découvrir à ce vaste monde féodal la création artistique. Nous avons une mission de service public. L’entrée du labyrinthe devrait être gratuite pour les artistes.

1er gardien : Cinquante deniers ! Pas de réduction pour les traine-savates et autres saltimbanques. C’est comme ça.

Jeanne : (ricanant) De nous deux c’est toi qui coûtes le plus cher, l’artiste. 

Guilhem : Très drôle. (au gardien) Je vous les donne à regret,

(Le troubadour donne des pièces au gardien qui le remercie)

1er gardien : Merci

Guilhem : Et comment se repère-ton dans ce labyrinthe pour parvenir jusqu’au centre.

Jeanne : Pourquoi veux-tu aller au centre ?    

Guilhem : Un moine m’a expliqué un jour que dans un labyrinthe se trouvait toujours un centre spirituel et je suppose que c’est peut-être l’endroit où se trouve le Graal.

2e gardien : C’est possible, j’ai entendu beaucoup de chevaliers dire la même chose. Pour vous déplacer ce n’est pas difficile. Vous n’avez qu’à suivre les murs. D’abord vous prenez le premier couloir à droite, puis le premier à gauche, ensuite le premier à droite et le premier à gauche et vous arriverez au centre du labyrinthe ou en tous cas pas très loin. Mais une fois entré il faut pouvoir en ressortir.
1er gardien : Et c’est là que j’interviens. Moi, je connais le labyrinthe.

2e Gardien : C’est vrai.

1er gardien : Attention il n’est éclairé par des torches qu’à certains endroits. Donc il faut assurer la maintenance. Ainsi je vérifie de temps en temps que les torches sont en bon état de fonctionnement. Donc j’entre dans le labyrinthe et j’en sors.
Jeanne et Guilhem : Comment ?

1er gardien : Parce que…parce que (il sort une pelote de fil de son havresac) j’ai ma pelote de fil.
Jeanne : Qu’est ce que c’est que ça ?

1er gardien : C’est moi qui ai trouvé ce stratagème. Vous déroulez ce fil derrière vous au fur et à mesure que vous avancez dans le labyrinthe – attention, sans jamais le lâcher ! – et, quand vous aurez trouvé le Graal, il vous suffira de reprendre le fil pour revenir jusqu’ici. (Un court temps) La pelote ne coûte que douze deniers.

Guilhem : Douze deniers ! C’est-à-dire un sol pour du fil !

1er gardien : Eh oui, et encore on vous fait un prix.
Jeanne : Qu’en penses-tu ?

Guilhem : Je ne sais pas, ça peut sans doute nous aider, mais je ne savais pas que le fil était aussi cher.

1er gardien : C’est parce que c’est du fil de lin, il est plus solide que le chanvre.

Guilhem : Mouais. A ce prix là c’est du fil de luxe…

Jeanne : (au garde) Donnez nous une pelote (à Guilhem) et donne lui un sol.
Guilhem : A ce rythme là je ne vais bientôt plus avoir la moindre monnaie dans mon escarcelle.

Jeanne : Allons, quand nous sortirons du labyrinthe avec le Graal sous le bras nous toucherons la grosse récompense qui te remboursera de tes frais. (aux gardiens) Adieu.

 (Jeanne et Guilhem sortent)

2e gardien : On a encore réussi à vendre une de tes pelotes et à faire payer des billets d’entrée à ces naïfs. Notre seigneur du « Château pas loin d’ici » sera content et nous accordera, je l’espère, une petite prime pour notre participation à son projet.

1er gardien : Je crois qu’ils se font des illusions sur la forte récompense à gagner. Le seigneur a organisé ce parcours labyrinthique surtout pour se renflouer après avoir perdu pas mal d’argent au jeu.

2e gardien : Et il se renfloue en flouant les autres (ils rient)

1er gardien : Allez viens, je vais récupérer quelques deniers pour qu’on se paye une chope à l’auberge.

(Ils sortent)

SCÈNE 3

 

(Entrée de Jeanne et de Guilhem)

Jeanne : J’ai l’impression que nous tournons en rond depuis un bon moment. Ah, voilà quelqu’un qui va pouvoir nous renseigner. Bonjour, Messire, pourriez-vous nous indiquer comment nous pouvons parvenir au centre de ce labyrinthe ?

Le pèlerin : Vous vous êtes perdus ?
Jeanne :
Non, non, on cherche trouver le chemin le plus rapide, c’est tout.

Le pèlerin : Qui cherchez-vous?
Jeanne :
Ben, le Graal comme beaucoup de chevaliers.

Le pèlerin : Vous êtes sûre que c’est le Graal que vous cherchez ?

Jeanne : Evidemment. Qu’est ce qu’on chercherait donc ici ?

Le pèlerin : Vous-même.

Jeanne : Qu’est ce que c’est que cette blague ? (au troubadour)  Tu as entendu, troubadour, je serais à la recherche de moi-même. (plaisantant) Où es-tu Jeanne ? Dis moi : « Où es-tu ? » (Elle rit. Elle dit au pèlerin) Eh l’ami, tu ne vois donc pas que je n’ai pas besoin de me chercher puisque je suis là devant toi.
Le pèlerin : Vous êtes là, certes, mais vous cherchez néanmoins la voie pour arriver jusqu’au centre de ce labyrinthe.
Jeanne :
Bien sûr. Et si tu la connais la voie, tu peux nous la dire.
Le pèlerin : Elle est en vous. Vous finirez par la trouver et elle vous aidera à répondre aux questions existentielles que vous vous posez.  

Jeanne : Qu’est ce que c’est que ce charabia ? Je ne me pose pas de questions excitentielles. Je ne m’excite pas. Je suis chevalière et ma voie est toute tracée. C’est droit au but.

Le pèlerin : Vous êtes chevalière…

Jeanne : Oui. Et alors ?

Le pèlerin : Vous avez choisi une voie différente de la plupart des femmes.

Jeanne : Ben oui et alors ?

Le pèlerin : Vous verrez, chevalière, que la voie de la vie que vous avez choisie n’est pas toute droite, elle est pleine de virages, de détours, d’impasses. Elle ressemble plutôt à un labyrinthe. On s’y perd souvent pour mieux se retrouver. Bon cheminement. (Il sort)

 

SCÈNE 4

 

Jeanne : Et bla bla bla et bla bla bla et bla bla bla. On n’a pas de chance, on tombe sur un bavard illuminé incapable de nous donner des indications pour nous diriger.

Guilhem : Ce doit être un pèlerin qui est venu sur le chemin du Graal pour chercher la lumière qui pourra l’aider à poursuivre sa vie errante.

Jeanne : Houlala, l’intello ! Tu as compris tout ça, toi ? Eh bien, s’il cherche la lumière, il ne nous a pas éclairés, le pèlerin. (imitant la voix du pèlerin) « Répondre aux questions excitentielles que vous vous posez. » N’importe quoi.
Guilhem : Je crois qu’il a dit existentielles.

Jeanne : Et alors ?

Guilhem : Vous ne vous posez pas de questions sur votre existence ?

Jeanne : Quelles questions ?

Guilhem : Eh bien …votre métier de…chevalière par exemple. C’est quand même...

Jeanne : Quoi ?
Guilhem :
Rare.
Jeanne :
D’accord je suis un peu une exception. Il faut dire que ça m’est arrivé d’un coup de devenir chevalière. Je t’ai déjà raconté mon histoire.

(montrant le public) Oui, mais tout le monde ne la connait pas.

Jeanne : Bon. J’explique. J’étais bergère et je gardais tranquillement mes moutons. Mais il ne fallait pas que les gars du village viennent me frôler de trop près sous prétexte qu’ils voulaient caresser mes moutons, sinon je leur foutais une belle rouste. Il faut dire que j’ai toujours aimé la…

Guilhem : La castagne je sais.

Jeanne : Je gardais donc mes moutons dans les champs jusqu’au jour où, pendant que je faisais la sieste, j’ai entendu des voix. Je me demandais si je rêvais. Mais non. Je me réveille et je vois devant moi un magnifique arc en ciel et trois anges armés de pied en cape qui me disent que je devais devenir chevalière et sauver le roi de France. Rien que ça. Et les emplumés se sont envolés. J’ai compris que ce n’était pas une farce des gars du village. J’étais appelé par le Très Haut pour une mission civilisatrice, et d’abord bouter les anglais hors de nos frontières. Tu parles d’un challenge pour une bergère ! J’ai sellé mon cheval, c’était un cheval de labour, on n’avait pas d’autre bourrin à la maison. J’ai pris mon épée, il faut dire je m’entrainais à l’escrime avec mon père pour combattre les fripouilles qui cherchaient à voler nos moutons. Ainsi Jeanne d’Arc en Ciel était né ! Et en avant ! (elle crie) Sénéchal me voilà pour sauver la France ! (Un temps, elle réfléchit) La France… Figure toi qu’en tant que lorraine j’ai failli ne pas parler le français.

Guilhem : (pour lui et au public) Et le lire. (à Jeanne) Et pourquoi ?

Jeanne : Parce que d’un côté de la rivière qui passait dans mon patelin les gens parlaient un dialecte à base de français et de l’autre côté ils parlaient un patois germain. (riant) Imagine que j’aie vécu de l’autre côté de la rivière, j’aurais pu être une chevalière teutonne.

Guilhem : Une walkyrie

Jeanne : Ouais, pt’être bien. La tronche qu’aurait faite le roi de France. Tu vois, ma vie est simple, j’ai pas de problème exis… (s’arrêtant et s’adressant à Guilhem) comme tu dis.
Guilhem : Mais vous exercez un métier plutôt…

Jeanne : Masculin ? C’est ça que tu veux dire ? Ah, les métiers masculins ! Combien j’ai vu de femmes travailler durement dans les champs, soulever des charges, soigner les animaux pendant que leurs maris étaient en train de se saouler dans l’auberge du coin. Et en plus elles devaient après leur boulot préparer le repas et s’occuper de leurs enfants. Et les châtelaines ne sont pas mieux loties. Quand leurs maris partent guerroyer, elles sont obligées de prendre les armes et de se battre pour défendre le château et leurs enfants contre l’intrusion de brigands ou d’ennemis qui veulent profiter de l’absence des seigneurs. Moi, je fais un métier qui me plait ne vous déplaise. Et toi, troubadour ! C’est un métier masculin ? Hein ? Jouer de la musique. Déclamer de la poésie. Tu es un pouète pouète. (Elle rit)
Guilhem : Ce n’est pas drôle, chevalière.

Jeanne : Ne te vexe pas. Je rigolais. Tu as un réel talent pour écrire et chanter mes aventures.

Guilhem : Merci, mais vous êtes mon égérie, que serai je sans vous ?  Vous parliez de langue tout à l’heure. Moi, j’ai perdu la mienne : l’occitan. Avant de vous rencontrer je chantais et j’écrivais en langue d’oc. J’avais un accent chantant, je roulais les r, je parlais fort. Je l’ai perdu à force d’écrire et de chanter des ballades dans les cours des seigneurs du Nord parlant la lange d’oïl. En fait maintenant je suis devenu un trou-vère qui écrit et qui chante en langue d’oïl avec un accent pointu. Vous ne devriez plus m’appeler troubadour.
Jeanne : Peu importe de quel trou tu viens. (Elle rit) je préfère t’appeler troubadour… (Un temps) parce que ça rime avec… (riant) amour. Pour moi tu es un troubamour qui écrit, entre autres, des poèmes sur l’amour …courtois bien sûr.

Guilhem : Troubamour ? Pourquoi pas ? Je ne savais pas que vous appréciez les poèmes amoureux.

Jeanne : Ils m’’amusent.
Guilhem : L’amour vous amuse ?

Jeanne : Ça me fait marrer toutes ces déclarations à la belle de son cœur, tout en n’ osant pas lui avouer que l’on est amoureux d’elle. On doit dire les choses plus simplement. On aime ou on n’aime pas. Point final.

Guilhem : Les sentiments amoureux ne sont pas aussi simples que cela.

Jeanne : Oh, évidemment, tu vas défendre ta profession de chanteur de charme, mais reconnais qu’on pourrait éviter un tas de préambules et aller…

Guilhem : Droit au but, je sais.

Jeanne : Allez, zou, continuons dans les méandres de ce labyrinthe, on finira bien par arriver jusqu’au Graal. Tu as toujours la pelote ?

Guilhem : Oui, oui, ne vous inquiétez pas.

 

SCÈNE 5

 

 (Entrée de Dame Epousailles et de Sieur funérailles

(Les 2 ensemble) Les voilà, les voilà.

Jeanne : Qu’est ce que c’est que ces citoyens là ?

Dame Epousailles : Chers amis, vous êtes sans doute venus dans ce labyrinthe pour vous unir …

Sieur Funérailles : Avant de périr

Jeanne : Mais pas du tout…Qu’est ce que vous racontez ? Nous cherchons le Graal. Je suis la chevalière Jeanne d’Arc en Ciel et voici le troubadour qui m’accompagne.

Dame Epousailles : (à Sieur Funérailles) Vous entendez, une chevalière. On ne pouvait rêver mieux.

(Dame Epousailles et Sieur Funérailles s’adresseront simultanément à Jeanne et à Guilhem)

Dame Epousailles : Chère chevalière, je me présente Dame Épousailles

Sieur Funérailles : Et moi Sieur Funérailles

Dame Epousailles : Un jour ou l’autre, un beau jour, vous finirez bien par vous passer la bague au doigt, n’est ce pas ?

Sieur Funérailles : Et un jour ou l’autre, un sale jour, vous finirez par trépasser dans une caisse en bois Pas vrai ?

Dame Epousailles : Si vous prenez femme ou mari.

Sieur Funérailles : Si vous perdez l’âme et la vie.

Dame Epousailles : Nous vous proposons tout ce dont vous aurez besoin pour vos épousailles.

Sieur Funérailles : Et pour vos funérailles.

Dame Epousailles : Nos splendides robes de mariée sont en promotion.

Sieur Funérailles : Nos superbes linceuls en lin lavé sont soldés.

Dame Epousailles : Nous pourrons vous louer une carriole de luxe.

Sieur Funérailles : Ou un corbillard confortable.

Dame Epousailles : Pour la cérémonie je ferai appel à des garçons d’honneur séduisants.

Sieur Funérailles : Et moi à des croque morts élégants.

Dame Epousailles : Pour le repas de noces, le boucher préparera un grand choix de viandes et de gibier.

Sieur Funérailles : Moi je n’ai que de la viande froide à offrir.

Jeanne : Eh attendez, je n’ai pas envie de me passer la corde au cou avant de … de trépasser un jour.

Guilhem : Ni moi.

Sieur Funérailles : Tant pis pour vous, mais réfléchissez la vie passe si vite…

Dame Epousailles : Et l’amour aussi.

 

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